Neuf ans
Bonjour les gens.
Je dois être nostalgique en ce moment, parce que j'arrête pas de faire des billets sur le temps qui passe.
Faut pas s'amuser à calculer les années, ça fait trop bizarre (et mal) (et peur). J'ai encore l'impression d'avoir fait ma rentrée en seconde il y a quelques mois.
Le calcul qui m'a foutu les boules, c'est celui-là : ça fait neuf ans que je suis partie de chez mes parents. NEUF ANS !
Moi qui n'ai pas une bonne mémoire, je me souviens pourtant parfaitement des premiers instants passés dans mon minuscule studio rennais. Je regardais ma mère par la fenêtre. Elle pleurait. Et moi je me sentais libre comme jamais.
Faut dire que je suis partie au bon moment. Au moment où la cellule familiale était en train de craquer : mes parents se séparaient, mon frère commençait à déconner à l'école, ma grand-mère venait de mourir. Bref, j'ai quitté le navire juste avant qu'il prenne la flotte.
Ma mère me parle souvent de cette journée. Une des plus difficiles de son existence, on dirait. Ce jour-là, quelque chose semble s'être brisé en elle. Je pense qu'au-delà de mon envol vers l'autonomie, c'était plus un symbole de ce qui se tramait (et s'écroulait) dans sa vie. Neuf ans après, c'est toujours à vif pour elle. Neuf ans après, j'ai souvent encore l'impression d'être cette toute jeune adulte qui a peur de ne pas être à la hauteur de ses ambitions. Aujourd'hui, mon existence est bien plus chouette que j'avais pu l'imaginer ce jour-là. Le facteur chance ne m'a jamais fait défaut (je touche du bois), mais il faut reconnaître que je me suis donnée les moyens de mon bonheur et de ma réussite. J'ai toujours su m'entourer de personnes bienveillantes, et c'est essentiel. Je sais aussi que lorsque l'on a le vent en poupe, le reste suit toujours. La théorie des cercles : cercle vertueux, cercle vicieux.
Tout ça pour dire que ces neuf dernières années d'indépendance sont passées à une vitesse terrible. Et que dans peu de temps, ce sera moi la maman qui laissera sa fille devenir grande. La maman qui n'aura plus que ses yeux pour pleurer dans la voiture et sur sa vie passée.
Mais je me fais confiance, et je m'en fais la promesse, mes larmes n'auront pas la saveur des regrets et des échecs. Simplement celle de la douce nostalgie d'une vie heureuse et remplie.