Accoucher dans son nid ?

Publié le par la.maman.oiseau

Bonjour les gens.

 

Ça fait un petit moment que je voulais me lancer dans ce billet, et puis j'ai eu peur que ça devienne le lieu de la surenchère polémiste, alors j'ai remis ça à plus tard. En même temps, je préfère vous prévenir, je n'ai jamais rien lu à ce sujet, ne connais personne personnellement à avoir passé le pas (à part arrière-grands-mères) et ne songe vraiment pas à exposer mon avis comme inflexible et indiscutable. Non, je voudrais juste me pencher sur la question, vous donner mon expérience, et l'évolution de mon point de vue.

 

Naissance de l'idée

Lorsque j'ai appris que j'étais enceinte, il a fallu décider tout de suite de l'endroit et la manière dont je voulais accoucher. En région parisienne, on n'a pas le temps de savoir si l'on veut aller simplement aller à l'hôpital public le plus proche, si l'on souhaite trouver une maternité différente, ou même si l'on veut accoucher chez soi. On doit juste s'inscrire. Et réfléchir après. De réputation et par proximité, j'ai choisi la Maternité des Fleurs. À 15 jours de grossesse, autant vous dire que je n'avais aucune idée de la manière dont je voulais accoucher. Physiologique ou médicalisée, avec ou sans péri, assise, debout ou couchée, franchement, à ce stade ça te paraît tellement irréel, que tu t'inscris et puis c'est tout. 

Une fois le cap salvateur des trois mois passé, il était temps pour moi de me pencher sur mes désirs et la manière dont je voulais appréhender mon futur accouchement. En manque d'inspiration, et de repères réels, je me suis abreuvée de récits de naissance et je me suis bien vite aperçu que les plus forts et les plus "beaux" étaient ceux des accouchements à domicile. Ces naissances me paraissaient tellement calmes, sereines, chaleureuses et évidentes que je dois avouer que je me suis imaginée le vivre aussi. 

 

Cheminement 

Accoucher à Paris, dans un appartement entre quatre murs épais comme de l'OCB, et avec la possibilité de voir ses potes débarquer pour boire du thé et jouer aux cartes (à 9 mois de grossesse ils ne débarquent plus à 4 heures du mat' pour une vodka, heureusement) ? Non, très peu pour moi. Les mois de grossesse avançant, j'ai très vite renoncé à cette idée, qui m'a parue tellement impossible avec la configuration de mon existence actuelle. L'idée que quelque chose puisse mal tourner m'a aussi effleurée, bien entendu. Mais à Paris, tout est tellement proche que ce n'est pas forcément l'argument qui m'a le plus parlé. En cas de problème, je sais que l'on peut très vite se retrouver à l'hôpital, sans passer par le cimetière avant.

Non, ce qui a fait basculer les 10 % de désir d'accouchement à domicile qui me faisaient de l'œil, c'est le bon compromis que proposait la Maternité des Fleurs. J'avais de plus en plus dans l'idée de me rapprocher d'un accouchement assez physiologique,  mes réservant la péridurale comme une sorte de joker possible, tout en étant entre des mains compétentes et rassurantes. Première grossesse, premier accouchement, je ne me voyais pas être passive de cette future expérience, mais je ne me voyais pas non plus me retrouver livrée à moi-même (je sais bien que l'on n'est pas seule, mais quand même…) et à me créer des angoisses inutiles et improductives pour le moment M. 

 

Dénouement

Mon accouchement s'est déroulé de très belle manière. Sereine, chaleureuse et douce, comme j'en avais rêvé. Peut-être parce que je n'avais rien planifié et que j'ai écouté mon corps sans réfléchir, en me faisant confiance à moi et à ma fille. Lors des cours de préparation à l'accouchement, de nombreuses femmes disaient avoir prévu d'accoucher assise ou sans péridurale. Je ne comprenais pas bien pourquoi et comment elles pouvaient prévoir la manière dont elles allaient gérer la douleur et la force de leurs jambes. Trop anticiper un tel moment me paraissait dangereux, car source de déception et de frustration. Voire bien pire. Mais bon, là n'est pas question. Une fois mon bébé sur le ventre (encore gorgée d'hormones la meuf), je me suis dit que j'aurais très bien pu le faire chez moi. Parce que la douleur n'avait pas été la plus forte, et que ça m'aurait peut-être éviter une épisiotomie. 

 

Prise de conscience

Huit mois plus tard, je m'interroge. Accoucher à domicile pour un second enfant ? Point du tout, au contraire. Je ne suis plus du tout dans une idéalisation de mon accouchement comme je l'ai fait depuis des mois. Certes il s'est bien passé et c'est sans doute le moment le plus fort qui me sera jamais permis de vivre, mais il comporte lui aussi son lot de regrets et de conclusions à tirer. 

Comment ne pas se souvenir de la terrible délivrance artificielle qui m'a fait me tordre de douleur et a gravé dans mes cellules la sensation d'un organe violemment arraché ? Et comment ne pas imaginer ce qu'il se serait passé si je n'avais pas été dans une maternité avec un médecin présent dans la minute ? Je ne parle même pas de la possibilité de mourir en couches puisque, comme je l'ai déjà dit, je vis trop près d'un hôpital pour que ce genre de drame arrive. Non, j'imagine être brusquement séparée de mon bébé, emmenée en urgence dans une ambulance, avoir des suites de couches difficiles et un allaitement compromis…

 

Aujourd'hui l'idée d'accoucher à domicile m'effraie beaucoup. Je trouve l'idée vraiment géniale et tellement évidente. Mais pas pour moi. Parce que pour donner naissance à un enfant, j'ai besoin d'avoir une forte confiance en moi et une totale sérénité quant à mon environnement. Je ne veux pas avoir de doutes et de peurs. Quitte à ce que ce soit un peu plus médicalisé que ce dont je rêverais. Et je ne veux surtout pas prendre le risque de mettre en danger mon bébé. Je crois que ça je l'ai compris en voyant l'Oisette sortir de mon ventre. Ah, c'était donc vraiment un bébé, un petit être vivant que j'avais dans le ventre, un être humain dont je suis responsable et dont il faut que je prenne soin, désormais.

 

Voilà, huit mois après avoir accouché, je suis certaine d'une chose : je ne choisirai pas d'accoucher à domicile pour mon (mes) futur(s) accouchement(s). Après, je suis bien conscient que tout peut arriver et que je ne suis pas à l'abri ni d'un impromptu accouchement à domicile ou d'une césarienne bien programmée.

 

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Et vous, que pensez -vous de l'AAD ? Êtes-vous tentée ? L'avez-vous vécu ? 

Vos retours et expériences m'intéressent beaucoup.

 


 

Publié dans Grossesse - etc.

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J
<br /> Sympa l'article. Moi, c'est un AAD prévu dans moins de 3 mois. Je le désire énormément. J'y pensais pour ma première grossesse mais je ne pouvais pas (déménagement, petit appartement...). Pour<br /> cette grossesse, j'avais repéré la sage-femme la plus proche alors que je ne savais pas encore que j'étais enceinte !<br /> <br /> Juste un truc. Pour ma première grossesse c'était "pas péridurale/allaitement" un point c'est tout. Donc oui on peut savoir avant si on va supporter la douleur, si on va avoir du lait... Je n'avais<br /> pas envisagé la possibilité d'une péridurale. Je ne l'ai donc pas eue (malgré un déclenchement !). De déterminer ce que l'on ne veut pas aide à avoir un accouchement comme on le souhaite. Après<br /> c'est sûr, on peut être très déçue en jouant à ce jeu-là. Mais tant pis, faut prendre des risques dans la vie !<br /> <br /> Je pense par ailleurs qu'il faut avoir une certaine confiance en soi, en son corps pour un AAD. Et plus les semaines passent, plus je suis confiante en ma capacité d'accoucher à la maison rien<br /> qu'avec mon ami et ma sage-femme ! Je vous tiens au courant !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Ah ! mon premier commentaire de femme qui va accoucher à domicile ! Je comprends bien ta décision. Mais, en revanche, je reste vraiment d'avis qu'on ne peut pas savoir de quoi l'avenir sera fait,<br /> qu'on ne peut pas savoir si l'allaitement va bien se passer, malgré l'envie et la détermination, et si on va être capable d'accoucher sans péridurale. il peut se passer un tas d'événements qui<br /> bouleversent nos plans. Et "il faut prendre des risques dans la vie", très peu pour moi dans ces moments-là ^^<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Jusqu'à ce que je commence les séances de préparation à l'accouchement j'étais absolument contre l'AAD. J'y voyais là une mode bobo complètement déraisonnable. (T'as vu, je fais pas dans la demi<br /> mesure moi). Puis lors des séances avec une SF qui pratique les AAD ainsi qu'un couple qui s’apprêtait à avoir leur deuxième enfant à la maison, j'ai pu évoquer le sujet. Et j'ai alors compris<br /> pourquoi on pouvait être tenté par l'expérience. Certaines maternités proposent de plus en plus des accouchements physiologiques, à l'écoute des parents, mais en province la plupart des structures<br /> appliquent des protocoles médicaux. Voilà comment on se retrouve avec des établissements où les taux d'épiosio, péridurale, césarienne sont exorbitants (et donc bien souvent non justifiés) !<br /> Il y a certainement pleins d'autres arguments en faveur de celui de l'AAD, mais c'est bien celui ci qui aurait pu me tenter. Ce n'était pas la question pour le 1er (et de toutes façons en grossesse<br /> pathologique la question ne s'est pas posée).<br /> Désormais je comprends beaucoup mieux. Même si je pense retourner à la même maternité pour le deuxième accouchement, et ce pour mille raisons, et notamment pour me faire servir le petit dej au lit<br /> pendant 3 jours ;)<br /> <br /> Tout ça pour dire que j'ai totalement changé d'avis sur l'AAD grâce à des gens qui l'ont pratiqué (et non pas à cause d'un docu à sensation stigmatisant ces parents)<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Moi ce sont les récits de naissance qui me filent la petite larme et me donne envie de connaître ce genre d'expérience, un jour. Mais je suis une personne trop raisonnable et trop craintive pour<br /> ma santé et celle de mon bébé. Je pense par contre à un retour anticipé après l'accouchement, comme le plateau technique. Bon compromis.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> J'en suis à peu près au même point que toi : j'adore l'idée de l'AAD et je comprends que des femmes le fassent. Mais j'en suis incapable. Je n'ai pas assez confiance et j'ai finalement trouvé ça<br /> très réconfortant d'être entournée de tout ce dont j'aurais besoin "au cas où" et comme toi, je veux pas être séparée de mon bébé.<br /> Et puis, voilà, j'le sens pas pour moi quoi.<br /> Pour autant j'aimerais beaucoup accoucher différemment la dernière fois. J'avais exprimé mes regrets dans ce billet : http://www.mamansurterre.com/2011/02/regrets-accouchement/<br /> Je rêve d'un accouchement plateau technique, je trouve que c'est un super compromis pour les femmes comme toi et moi.<br /> <br /> Et puis Papa sur Terre est comme Papa Sioux, hors de question pour lui !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Je n'ai pas parlé de Papa Oiseau dans mon billet. Et d'ailleurs nous n'avons jamais parlé d'un accouchement à domicile ensemble. Je sais qu'il en serait absolument incapable, et je le comprends.<br /> Par contre, il est très angoissé du milieu médical aussi. Du coup, une maison de naissance, un plateau technique ou la maternité dans laquelle j'ai accouché, c'est vraiment un bon compromis pour<br /> nous deux (trois).<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> J'aurais aimé une maison de naissance, un petit lieu, coc(o)on, un peu comme à la maison, avec une sage-femme et un doc à appeler en urgence. Mais bon, ça ne s'est pas fait et ça ne se fera plus<br /> jamais!<br /> Sinon, une cousine a accouché de ses 4 enfants chez elle... sans aucun souci...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Une maison de naissance… exactement ce dont je rêverais aussi.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Chacun ses inquiétudes, ses envies et ses choix, tu sais, je ne vais pas changer de ligne maintenant. Tu fais bien de ne pas accoucher à la maison si tel n'est pas ton désir. :)<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Mais les désirs peuvent changer. Je ne suis pas complètement fermée. Et puis, qui dit que pour la prochaine grossesse, mes hormones ne me guideront pas vers ça plutôt que la maternité ? <br /> <br /> <br /> <br />